Dérangez le maître

Si l'un de vous possède cent brebis, et que l'une d'elles vienne à se perdre, n'abandonnera t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres au pâturage pour aller à la recherche de celle qui est perdue jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée ?  Luc 15.4 

À plusieurs reprises, nous voyons dans les Évangiles que l’on essaie de protéger Jésus, d’économiser ses dérangements. Nous-même, est-ce que nous n'estimons pas, parfois, que certaines situations ou personnes ne valent pas la peine que le Seigneur se déplace ? 

Je suis étonnée de voir des chrétiens s'attribuer le droit de faire le tri sur les personnes susceptibles d’être aidées : Je pense à cette jeune fille orpheline qui est venue demander la bénédiction de l’église pour son bébé, né hors mariage. On lui a claqué la porte au nez, car l’on prétextait que "c’était de la mauvaise graine..."

Laetitia, ma fille, consacre sa vie, depuis une dizaine d’années, à aller chercher les brebis perdues sur les trottoirs de Bucarest, pour offrir à des femmes en situation de prostitution l’opportunité de changer de cap via une maison d’accueil. Pour aller de l’avant dans sa vision, elle a dû endurer maintes critiques, et des plus dures, venant de chrétiens aux pensées comme :  "c’est du temps perdu !" ;  "trop dangereux !" ;  "pas assez de résultats !" ; "beaucoup d’argent pour pas grand-chose !" 

Dans un autre domaine, je me rappelle qu’il y a quelques années, la France, elle-même n’était pas considérée comme une terre de mission "rentable" par des évangélistes de renom ou des missions étrangères. On pouvait entendre et lire : "Pourquoi dépêcher ou soutenir des missionnaires pour si peu de fruits ?"

Dans la parabole d’aujourd’hui, nous voyons un berger - avec lequel Jésus s’identifie - qui n’hésite pas à "se déranger", malgré les dangers, la fatigue, l’investissement à fournir, pour aller chercher et trouver la brebis perdue. Laetitia, pour "défendre son appel" face aux sceptiques, aime à raconter cette anecdote : 

À la marée basse, un homme se penche pour remettre à l’eau des étoiles de mer qui ont échoué sur la plage et qui risquent de mourir dans les heures qui suivent. Un enfant, étonné, lui dit : "Il doit y en avoir des milliers, vous ne pouvez pas toutes les sauver. Vous ne pouvez rien changer à ce phénomène !" Et l’homme de répondre : "Tu as peut-être raison, mais pour celles-là, ça change tout !"

Quel que soit votre besoin, vous pouvez "déranger le Maître" ! Car vous êtes son "étoile" qu’il désire rejeter à la mer de son amour.

Et vous qui œuvrez pour le Seigneur, ne vous découragez pas si vous pêchez à la ligne et pas encore au filet. Dieu a son propre système de valeur. Rappelez-vous que, pour une brebis retrouvée, "ça change tout" !

Catherine Gotte Avdjian
(Source : TopChrétien)