Le voyage de Silans

Qu’y a-t-il de plus beau qu’une nuit illuminée par ces milliers d’étoiles qui protègent la Terre, dominant l’Amour et la haine ?  

Qu’y a-t-il de plus merveilleux qu’un jour illuminé par cet ami de feu, lorsqu’il embrase le bleu de la mer, fait chanter les oiseaux et réchauffe le plus profond de l’être ?  

Le Ciel et la Terre se confondent à l’horizon, et pourtant, une magnifique frontière les sépare…l’univers des nuages. 

Entre le Ciel et la Terre vivait une tribu de nuages, tous plus magnifiques les uns que les autres. 

Bien des années s’étaient écoulées depuis la naissance du dernier d’entre eux. Ce fut donc une grande joie pour la famille d’accueillir la venue de SILANS. 

Mais au fil des jours, quelle ne fut pas la surprise de découvrir que cet enfant ne ressemblait en rien à ses frères. 

En effet, SILANS, atteint par les émanations d’un soleil couchant, en avait gardé une couleur ambrée. Chose étonnante, il ne grandissait pas.
De plus, contrairement à ses frères, il n’était pas emporté par le vent.
En fait, dans un univers soumis uniquement aux éléments, il paraissait posséder des facultés extraordinaires de décision. 

Avec le temps il se sentait de plus en plus seul car personne ne le comprenait et il devenait la risée de tous. 

Dans cette incompréhension se mêlaient la crainte et une certaine forme de jalousie, celle que font naître souvent les êtres différents.
Au fond de son coeur résonnaient tous les regrets des siens; SILANS assurait qu’il n’avait fait que suivre le chemin tracé, mais personne ne l’écoutait. 

Un soir où la tristesse se mêlait aux lumières du ciel et de la terre, une petite voix intérieure lui chuchota :
« Que t’importe le jugement de ceux qui ne sont plus tes semblables, la dimension sur laquelle tu voyages n’est pas la leur ; n’oublie pas que tu es le fils du jour et de la nuit.
Le jour t’a apporté la pensée, fruit de l’intelligence et la nuit t’a initié aux couleurs du rêve. Alors, va, suis ton intuition, ce sera toujours ton meilleur guide. » 

SILANS savait que le grand jour était arrivé pour lui.
Il devait partir, seul dans l’immense univers; il devait quitter le troupeau de la bêtise, sans essayer de se défendre, et garder au fond du coeur le respect des sages leçons de la vie. 

 C’est alors que la voix se manifesta de nouveau:
« Tu as compris le message. Si tu veux que la force de vie, par la volonté, devienne la source de ce que tu dois réaliser, tu devras entrer dans la maison secrète de ton âme pour que ton être spirituel t’indique le chemin de la dimension en laquelle tu vas voyager. 

N’oublie pas que l’énergie première qui t’habite ne se manifestera au travers de ton corps que par la volonté : en elle réside ta force.
Va et ne te retourne jamais. » 

SILANS n’était pas vraiment triste de quitter les siens. Il jeta un dernier regard vers la tribu puis fixa l’infini; il fit alors le serment de toujours donner le meilleur de lui-même. 

Extrait de « Le voyage de Silans » d’ Anne Sara