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La dernière corde
La dernière corde
Un soir de grand concert,
le célèbre violoniste Paganini
jouait avec tant de fougue qu’une corde se rompit;
la plus fine, la plus chanterelle.
Imperturbable, il continua de jouer.
Une deuxième corde sauta, puis une troisième….
C’était la fin du morceau.
Frénétiquement applaudi,
Paganini termina la fin en beauté
avec l’unique corde restante, la grosse corde Sol.Au bout de la vie, une à une les cordes sautent :
jambes faibles, lever difficile,
mémoire capricieuse, fatigue du soir.
Combien de temps pourrons-nous encore
jouer le concert de notre vie ?
Sans être un Paganini, étincelant jusqu’au bout,
on peut faire entendre de belles choses avec les
cordes qui nous restent.
Il faut les fréquenter en amitié,
plutôt que de trop penser aux cordes disparues.Chère vieille corde de Sol, la dernière, la plus grave….
Corde de la patience courageuse,
de la bonté, de la sagesse, des appels de Dieu.
Que de notes peuvent jaillir de la dernière corde !
C’est cela qu’on attend autour de nous :
une petite musique de paix et d’humour,
prédication silencieuse si parlante sur l’Espérance….Quand Dante, dans son oeuvre,
arriva à la description du paradis, il s’exclama :
»Il me semble que tout riait… »La dernière corde est faite pour ce rire.
André Sève
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